You and the Ferns
One day, we made love
in the arms of the ferns.
Not a bed,
but an offering.
Not a shelter,
but a world.
The leaves trembled beneath our joined breaths,
as if the earth itself held its breath.
The wind dared not run — it slipped between our skins,
curious and tender, a silent messenger
of the trees watching us
in their ancient stillness.
I remember your neck
bathed in filtered light,
and your mouth,
opening like a flower
held closed for too long.
The ferns touched us
like ancestral hands —
gentle,
wild,
carrying the secret of all who loved
without needing to speak,
of love stripped bare,
no walls, no sheets,
no promises but the now.
Your shoulders drank the light
as I drank your presence,
your breath upon my throat,
your trembling belly,
your closed eyes seeing me
better than sight ever could.
Beneath us, the roots
might have sung —
who knows?
And the birds, for a moment,
fell silent,
so as not to break
the spell of our gestures.
We melted into the earth’s humus
like twin streams of fire,
breaking the waiting,
offering our silence
to the whispering leaves.
And even the trees,
that day,
leaned in to watch.
They said nothing,
but I felt their memory take hold of us —
for trees keep the sighs
like old books keep love letters.
Even now,
when I walk through the forest,
among the ferns,
the wind still speaks of you.
It tells me
that nature forgets nothing.
That there,
beneath those trembling greens,
your body and mine
left a truth deeper than time.
So I close my eyes,
and I find you again.
Not a memory,
no —
a presence,
blooming once more
among the trees who watch,
the ferns who shiver,
and the wind
that, sometimes,
feels like us…
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Là où les fougères se souviennent
Un jour,
nous avons fait l’amour
au creux des fougères.
Pas un lit,
mais une offrande.
Pas un abri,
mais un monde.
Les feuilles frémissaient sous nos souffles mêlés,
comme si la terre elle-même retenait son haleine.
Le vent n’osait plus courir,
il glissait entre nos peaux,
curieux et complice,
tel un messager silencieux des arbres
qui nous regardaient
dans leur éternité immobile.
Je me souviens de ta nuque
perdue dans la lumière tamisée,
et de ta bouche,
s’ouvrant comme une fleur
trop longtemps retenue.
Les fougères nous caressaient
comme des mains anciennes,
douces,
sauvages,
porteuses d’un secret ancien :
celui des corps qui se cherchent sans se nommer,
celui de l’amour nu,
sans murs, sans draps,
sans promesse autre que l’instant.
Tes épaules buvaient la lumière
tandis que je m’enivrais de ta présence,
de ton souffle contre mon cou,
de ton ventre vibrant,
de tes yeux fermés pour mieux me voir.
Les racines en dessous chantaient peut-être,
qui sait ?
Et les oiseaux, un instant, se sont tus
comme pour ne pas briser
le sortilège de nos gestes.
Nous avons glissé dans l’humus
comme deux ruisseaux de feu,
brisant l’attente,
offrant nos silences
au bruissement des feuilles.
Et même les arbres,
ce jour-là,
ont penché leur tronc pour mieux voir.
Ils n’ont rien dit,
mais j’ai senti leur mémoire s’imprégner de nous,
eux qui gardent les soupirs
comme les vieux livres gardent les lettres d’amour.
Aujourd’hui encore,
quand je marche en forêt,
parmi les fougères,
le vent me parle de toi.
Il me chuchote
que la nature n’oublie rien.
Que là,
sous les verts palpitants,
ton corps et le mien
ont laissé une empreinte plus vraie que le temps.
Alors je ferme les yeux
et je t’y retrouve.
Pas un souvenir,
non —
une présence,
éclose à nouveau
entre les arbres qui veillent,
les fougères qui frémissent,
et le vent qui, parfois,
nous ressemble.