Dans le champ des silences »
Il marche, seul, au cœur d’un champ de lumière rouge.
Chaque coquelicot semble un souffle, une mémoire, un battement.
Le vent les effleure comme une caresse venue d’ailleurs,
et l’horizon se dissout dans une brume où tout devient possible.
Son ombre s’allonge sur la terre tendre,
comme un fil d’encre reliant le présent à l’invisible.
Peut-être cherche-t-il une âme, une promesse,
ou simplement la paix d’un instant suspendu.
Autour de lui, la nature s’ouvre comme un poème.
Les arbres veillent, silencieux témoins d’un amour ancien,
et dans le rouge vibrant des fleurs palpite la trace d’un cœur —
celui qui aime encore, même quand tout s’efface.
Dans le champ des silences
Dans cette œuvre, Jacques Kaspin nous invite à pénétrer un espace suspendu entre rêve et réalité, où la nature devient le miroir d’une intériorité profonde. Le dessin, réalisé au fusain et à l’aquarelle, déploie une tension subtile entre l’ombre et la lumière, entre la solitude de la figure humaine et l’infini rougeoyant du champ de coquelicots.
La composition, à la fois épurée et vibrante, conduit le regard vers un horizon voilé, presque spirituel. L’homme, silhouette noire et anonyme, semble avancer vers une frontière invisible — celle du souvenir, du temps ou peut-être de l’amour. Les coquelicots, éclats de vie et de fragilité, incarnent le souffle du cœur et la persistance du sentiment au-delà de toute absence.
Kaspin utilise ici le contraste des médiums avec une grande justesse : le fusain pour la densité du silence, l’aquarelle pour la fluidité de l’émotion. La brume grise qui enveloppe la scène n’éteint pas la lumière ; elle la transforme en murmure. C’est dans cette nuance que réside toute la poésie du tableau : une marche intérieure, un passage de l’homme vers l’essence même de la tendresse et de la mémoire.
Dans le champ des silences est une œuvre qui parle doucement, mais longtemps. Elle ne décrit pas l’amour — elle le laisse respirer dans l’espace entre deux souffles, entre la terre et le ciel, entre la présence et le souvenir.
“In the Field of Silence”
He walks alone, through a field of crimson light.
Each poppy breathes like a memory, a heartbeat.
The wind brushes them gently, like a caress from elsewhere,
and the horizon melts into a mist where everything becomes possible.
His shadow stretches upon the tender earth,
a thread of ink binding the present to the unseen.
Perhaps he seeks a soul, a promise,
or simply the peace of a suspended moment.
Around him, nature unfolds like a poem.
The trees stand still — silent witnesses of an ancient love,
and within the red pulse of the flowers beats the trace of a heart —
one that still loves, even when all else fades away.
In the Field of Silence
In this work, Jacques Kaspin invites us into a suspended space between dream and reality, where nature becomes the mirror of an inner landscape. The drawing, created with charcoal and watercolor, unfolds a delicate tension between shadow and light, between the solitude of the human figure and the endless crimson expanse of poppies.
The composition, both minimal and vibrant, guides the gaze toward a veiled horizon — almost spiritual in its stillness. The man, a dark and anonymous silhouette, seems to walk toward an invisible boundary — that of memory, time, or perhaps love itself. The poppies, fragile bursts of red, embody the breath of life and the persistence of feeling beyond absence.
Kaspin’s mastery lies in his dialogue between materials: charcoal carries the weight of silence, while watercolor lets emotion flow freely. The soft grey mist that envelops the scene does not extinguish the light — it transforms it into a whisper. Within this nuance lies the poetry of the piece: an inner journey, a passage of man toward the essence of tenderness and remembrance.
In the Field of Silence speaks quietly, yet lingers deeply. It does not describe love — it allows it to breathe, in the space between two breaths, between earth and sky, between presence and memory.