The Wind and the Silence
He walks slowly, his steps sinking into the warm sand, as if the earth itself wants to hold him back, keep him from escaping his thoughts. The desert stretches endlessly, silent but never empty. Here, he finds what the world denies him: truth, stripped of judgment and noise.
He thinks of her.
They had loved each other like a falling star — fiercely, briefly, with that strange certainty that fate was watching and smiling. But fate, sometimes, wears the face of parents. Of tradition. Of duty. He didn’t choose. He obeyed.
He married another. A kind woman, dignified, but whose gaze didn’t stir his soul. They share bread, a home, the passing days. But not dreams.
So he comes here, to the desert. Where the wind never lies. He sits on a dune, closes his eyes, and she returns. Her laughter in the breeze. Her scent in the heat of the air. Her gaze in the stars that hesitate to appear.
He often wonders: What is life, if not a series of renunciations? Renouncing love for peace. Self for others. Fire for stability.
But sometimes, he thinks life is also memory. And as long as he remembers her, as long as he loves her in silence, he hasn’t lost everything.
The sand slips through his fingers. The wind brushes his face. And in that suspended moment, he is not a husband, nor a son, nor a man. He is simply a heart beating for a woman he was never allowed to love.
— Monologue
Night has fallen. The desert breathes slowly, like an old creature asleep. I am alone. Finally alone. And yet, never more surrounded.
The sand beneath my feet knows me. It has felt my hesitant steps, my escapes, my returns. It knows what I hide behind my silence. It knows I think of her.
Her. Not the woman who shares my roof. The one who shares my memories.
I loved her like one loves a light in the dark — urgently, faithfully. But my parents said no. Tradition said no. And I… I said nothing. I lowered my eyes. I obeyed.
Since then, I live in a house without fire. A house where the walls do not echo. My wife is there. She is kind. She is dignified. But she is not her.
So I come here.
I speak to the wind.
I speak to the sand. I speak to the night.
And each time, she returns.
Her laughter in the dunes.
Her gaze in the stars.
Her voice in the silence.
I often wonder:
Is this what it means to live?
To do what is expected, and let what we feel die?
Is this what it means to be a man?
To carry the weight of others, and forget our own?
But the wind never lies.
It tells me
I still love her.
It tells me
I am still alive.
It tells me the heart knows no law, no duty.
So I stay here, beneath the stars.
I close my eyes. And in this desert,
I am free. Free to love.
Free to regret.
Free to be myself.
The Wind and the Silence
An artwork by Kaspin Jacques – Contemporary Art Catalogue
In The Wind and the Silence, Kaspin Jacques offers a visual meditation of rare emotional depth, where line becomes breath and gaze becomes memory. Through a charcoal sketch of striking chiaroscuro, the artist captures a suspended moment — a solitary figure in the desert, timeless yet deeply personal.
The keffiyeh, draped with quiet dignity, evokes heritage, identity, and the weight of tradition. The face, carved in shadows, bears the imprint of a love denied, a life chosen by others. The eyes, haunting and distant, do not meet the viewer’s gaze — they look beyond, toward a woman absent, toward a past that refuses to fade.
This is not merely a portrait. It is an interior landscape. The desert behind him is not a place — it is a state of being. The wind becomes a confidant, the sand a vessel of memory. And the silence is anything but empty — it is filled with longing, tenderness, and unanswered questions.
Kaspin Jacques explores the tension between duty and desire, between legacy and freedom. The work resonates with the quiet philosophy of life: is living merely a series of renunciations? And yet, in the eyes of this man, in the stillness of the scene, another truth emerges — that love, even unfulfilled, can endure. That the heart, even silenced, remembers.
The Wind and the Silence does not shout. It whispers. And in that whisper, each of us may hear our own.
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Il marche lentement, ses pas s’enfoncent dans le sable chaud, comme si la terre voulait le retenir, l’empêcher de fuir ses pensées. Le désert est vaste, silencieux, mais jamais vide. Il y trouve ce que le monde lui refuse : la vérité nue, sans jugement, sans regard.
Il pense à elle.
Ils s’étaient aimés comme on aime une étoile filante — intensément, brièvement, avec cette certitude étrange que le destin les regardait en souriant. Mais le destin, parfois, a le visage des parents. Des traditions. Des devoirs. Il n’a pas choisi. Il a obéi.
Il s’est marié à une autre. Une femme douce, digne, mais dont le regard ne faisait pas trembler son âme. Il partage avec elle le pain, la maison, les jours. Mais pas les rêves.
Alors il vient ici, dans le désert. Là où le vent ne ment jamais. Il s’assoit sur une dune, ferme les yeux, et elle revient. Son rire dans le souffle du vent. Son parfum dans la chaleur de l’air. Son regard dans les étoiles qui tardent à apparaître.
Il se demande souvent : Qu’est-ce que vivre, si ce n’est renoncer ? Renoncer à l’amour pour la paix. Renoncer à soi pour les autres. Renoncer à l’éclat pour la stabilité.
Mais parfois, il se dit que vivre, c’est aussi se souvenir. Et tant qu’il se souvient d’elle, tant qu’il l’aime en silence, il n’a pas tout perdu.
Le sable glisse entre ses doigts. Le vent caresse son visage. Et dans ce moment suspendu, il n’est ni mari, ni fils, ni homme. Il est juste un cœur qui bat pour une femme qu’il n’a pas le droit d’aimer.
Le Vent et le Silence — Monologue
La nuit est tombée. Le désert respire lentement, comme un vieil animal endormi. Je suis seul. Enfin seul. Et pourtant, jamais autant entouré.
Le sable sous mes pieds me connaît. Il a vu mes pas hésitants, mes fuites, mes retours. Il sait ce que je cache derrière mon silence. Il sait que je pense à elle.
Elle. Pas celle qui partage mon toit. Celle qui partage mes souvenirs.
Je l’ai aimée comme on aime une lumière dans l’obscurité — avec urgence, avec foi. Mais mes parents ont dit non. La tradition a dit non. Et moi… moi, je n’ai rien dit. J’ai baissé les yeux. J’ai obéi.
Depuis, je vis dans une maison sans feu. Une maison où les murs ne résonnent pas. Elle est là, ma femme. Elle est bonne. Elle est digne. Mais elle n’est pas elle.
Alors je viens ici.
Je parle au vent.
Je parle au sable.
Je parle à la nuit.
Et chaque fois, elle revient.
Son rire dans les dunes.
Son regard dans les étoiles.
Sa voix dans le silence.
Je me demande : Est-ce cela, vivre ?
Faire ce qu’on attend de nous, et laisser mourir ce qu’on ressent ?
Est-ce cela, être un homme ?
Porter le poids des autres, et oublier le sien ?
Mais le vent ne ment pas.
Il me dit que je l’aime encore.
Il me dit que je suis vivant.
Il me dit que le cœur ne connaît ni loi, ni devoir.
Alors je reste là, sous les étoiles.
Je ferme les yeux.
Et dans ce désert, je suis libre.
Libre d’aimer.
Libre de regretter.
Libre d’être moi.
Le Vent et le Silence
Une œuvre de Kaspin Jacques – Catalogue d’art contemporain
Dans Le Vent et le Silence, Kaspin Jacques nous livre une méditation visuelle d’une rare intensité, où le trait devient souffle et le regard, mémoire. À travers une esquisse en clair-obscur, l’artiste capture l’instant suspendu d’un homme seul dans le désert — figure à la fois intemporelle et profondément intime.
Le keffieh, drapé avec noblesse, évoque les racines, l’identité, mais aussi le poids des traditions. Le visage, marqué par les ombres, semble porter le fardeau d’un amour contrarié, d’une vie choisie par d’autres. Les yeux, d’une profondeur saisissante, ne regardent pas le spectateur : ils regardent au-delà, vers une femme absente, vers un passé qui ne s’efface pas.
Ce dessin n’est pas seulement un portrait. C’est une scène intérieure. Le désert, en arrière-plan, n’est pas un lieu : c’est un état d’âme. Le vent devient confident, le sable devient mémoire. Le silence, lui, est tout sauf vide — il est peuplé de regrets, de tendresse, de questions sans réponse.
Kaspin Jacques explore ici la tension entre devoir et désir, entre héritage et liberté. L’œuvre dialogue avec les grands thèmes de la philosophie de vie : qu’est-ce que vivre, sinon apprendre à renoncer ? Et pourtant, dans ce regard, dans ce souffle, une autre vérité s’impose — celle de l’amour qui survit à l’absence, celle du cœur qui refuse d’oublier.
Le Vent et le Silence est une œuvre qui ne crie pas. Elle murmure. Et dans ce murmure, chacun peut entendre ses propres silences.





