Un automne sans retour
Il pleuvait ce jour-là. Pas une pluie violente, non… une pluie douce, presque timide, comme si le ciel hésitait à pleurer. Je marchais pieds nus sur le sable humide, les feuilles d’automne collées à mes chevilles, dorées, rouges, mortes. Le vent jouait avec mes cheveux, comme toi autrefois. Et moi, je ne disais rien. Je laissais les vagues parler à ma place.
Tu es parti sans bruit. Comme un bateau à l’horizon, glissant lentement hors de mon regard. Je t’ai regardé t’éloigner, sans crier, sans courir. Je savais que c’était inutile. Tu avais déjà largué les amarres.
Depuis, je parle à la mer. Je lui confie mes silences, mes soupirs, mes regrets. Elle me répond parfois, dans le fracas d’une vague ou le murmure d’un ressac. Mais elle ne me ramène jamais ton nom.
Je me souviens de ta main sur ma nuque, de ta voix dans le creux de mon oreille. De la chaleur de ton souffle quand tu disais « je reste ». Tu mens bien, tu sais.
Aujourd’hui, je suis là. Le sable sous mes pieds, le vent sur ma peau, la pluie sur mes lèvres. Et toi… Toi, tu n’es qu’un souvenir mouillé, Un automne qui ne reviendra pas.
Un automne sans retour
Je t’ai cherché dans le vent, dans le frisson des feuilles qui caressent mes hanches, dans la pluie tiède qui glisse sur mes épaules nues, comme tes mains autrefois.
Le sable garde encore l’empreinte de nos pas, effacés, mais pas oubliés.
Chaque vague qui vient mourir à mes pieds me parle de toi, de ta bouche salée, de ton souffle contre ma nuque.
Tu es parti avec l’été, et moi, je suis restée là, dans cet automne qui s’étire, comme un drap froissé après l’amour.
Les bateaux s’éloignent à l’horizon, lents, majestueux, indifférents.
Je les regarde comme j’ai regardé ton dos, sans un mot, juste le goût de toi sur mes lèvres.
Je t’écris avec le vent, je t’appelle avec les vagues, je t’attends dans chaque feuille qui tombe, dans chaque silence qui s’installe.
Je t’écris avec le vent, je t’appelle avec les vagues, je t’attends dans chaque feuille qui tombe, dans chaque silence qui s’installe.
Et cet automne…
Un automne sans retour — Kaspin Jacques
Dans Un automne sans retour, Kaspin Jacques nous livre une œuvre d’une intensité rare, où le trait brut du fusain dialogue avec des éclats de couleur comme autant de fragments d’émotion. Le visage central, yeux clos et lèvres entrouvertes, semble suspendu dans une méditation sensuelle, presque charnelle. La main posée sur la bouche n’est pas un geste de silence, mais de mémoire : elle retient ce qui fut, ce qui brûle encore.
Autour de cette figure, les touches de bleu, d’orange et de lumière évoquent les éléments — la pluie, le vent, les vagues, les feuilles mortes — comme une partition atmosphérique d’un amour passé. L’automne ici n’est pas une saison, mais un état d’âme. Il ne reviendra pas, car il est lié à une absence, à un départ, à une intimité perdue.
Kaspin Jacques joue avec les contrastes : le noir et blanc du portrait, nerveux et vibrant, s’oppose aux aplats colorés, presque abstraits, qui semblent flotter comme des souvenirs. L’œuvre ne raconte pas une histoire, elle la murmure. Elle invite le spectateur à ressentir plutôt qu’à comprendre, à se laisser traverser par le souffle d’un amour qui s’efface, mais ne s’oublie pas.
Un automne sans retour est une déclaration douce et poignante, un poème visuel sur le désir, la perte et la beauté de ce qui ne revient plus. Une œuvre qui ne regarde pas le passé avec nostalgie, mais avec sensualité.
je crois qu’il m’a vu
Je suis resté longtemps devant cette œuvre. Trop longtemps peut-être. Mais comment partir quand le vent semble souffler depuis la toile elle-même ?
Il y a dans ce visage fermé quelque chose qui m’ouvre.
Une main sur la bouche, comme pour retenir un mot, un cri, un baiser.
Et moi, je l’entends, ce baiser. Il résonne dans mon ventre.
Les couleurs ne sont pas là pour séduire. Elles flottent, elles dérivent, comme des feuilles d’automne sur l’eau. Bleu, orange, gris — des émotions sans nom, mais pas sans corps. Je sens la pluie sur mes épaules, le sable sous mes pieds, et ce silence… ce silence qui me parle plus que mille discours.
Je ne connais pas Kaspin Jacques. Mais je crois qu’il m’a vu, quelque part, dans un automne à moi …
— Clara M.
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It was raining that day. Not a harsh rain—no, a soft one, almost shy, as if the sky hesitated to cry. I walked barefoot on the damp sand, autumn leaves clinging to my ankles, golden, red, dead. The wind played with my hair, like you used to. And I said nothing. I let the waves speak for me.
You left without a sound. Like a boat on the horizon, slowly slipping out of sight. I watched you drift away, without shouting, without running. I knew it was useless. You had already cut the ropes.
Since then, I speak to the sea. I tell her my silences, my sighs, my regrets. She answers sometimes, in the crash of a wave or the whisper of the tide. But she never brings back your name.
I remember your hand on my neck, your voice in the hollow of my ear. The warmth of your breath when you said “I’m staying.” You’re a good liar, you know.
Today, I’m here. Sand beneath my feet, wind on my skin, rain on my lips. And you… You’re just a wet memory, An autumn that won’t return.
An Autumn Without Return
I searched for you in the wind, in the shiver of leaves brushing my hips, in the warm rain sliding down my bare shoulders, like your hands once did.
The sand still holds the trace of our steps, faded, but not forgotten.
Each wave that dies at my feet speaks of you— your salty mouth, your breath against my neck.
You left with the summer, and I remained, in this stretching autumn, like a sheet wrinkled after love.
Boats drift away on the horizon, slow, majestic, indifferent.
I watch them as I watched your back, without a word, just the taste of you on my lips.
I write to you with the wind,
I call you with the waves,
I wait for you in every falling leaf, in every silence that settles.
And this autumn…
An Autumn Without Return — Kaspin Jacques
In An Autumn Without Return, Kaspin Jacques delivers a work of rare emotional depth, where raw charcoal strokes meet bursts of color like fragments of memory. The central figure, eyes closed and lips slightly parted, seems suspended in a moment of sensual introspection. The hand gently touching the mouth is not a gesture of silence, but of remembrance—holding back what once was, what still lingers.
Surrounding the portrait, patches of blue, orange, and pale light evoke the elements—rain, wind, waves, fallen leaves—composing an atmospheric symphony of lost love. Autumn here is not a season, but a state of being. It will not return, because it is tied to absence, to departure, to intimacy undone.
Kaspin Jacques plays with contrast: the monochrome intensity of the face, sketched with urgency and emotion, stands against the abstract color fields that float like echoes. The work doesn’t tell a story—it breathes one. It invites the viewer to feel rather than interpret, to be moved by the quiet ache of a love that fades but never disappears.
An Autumn Without Return is a tender and poignant declaration—a visual poem about desire, loss, and the beauty of what no longer comes back. It doesn’t mourn the past with nostalgia, but with sensuality.
I believe he saw me
I stood before this piece for a long time. Too long, perhaps. But how could I leave, when the wind seemed to blow from the canvas itself?
There’s something in that closed face that opens me. A hand on the mouth—not to silence, but to hold back a word, a cry, a kiss. And I hear it, that kiss. It echoes in my chest.
The colors aren’t there to please. They drift, they hover, like autumn leaves on water. Blue, orange, grey—emotions without names, but not without flesh. I feel the rain on my shoulders, the sand beneath my feet, and that silence… that silence speaks louder than a thousand voices.
I don’t know Kaspin Jacques. But I believe he saw me, somewhere, in an autumn of my own…
— Clara M.







