La caresse de la pluie.
Chaque soir, elle s’asseyait sous le vieux saule au bord du lac, là où les feuilles frémissaient comme des secrets murmurés. Ce jour-là, le ciel s’était couvert d’un gris tendre, et la pluie tombait en filaments fins, presque timides. Le vent, complice discret, jouait dans ses cheveux noirs, les soulevant comme des vagues en pleine mer.
Son regard était perdu dans l’eau, mais son esprit voguait ailleurs — vers lui. Il n’était plus là, mais son absence avait laissé une empreinte plus vive que sa présence. Elle se souvenait de ses mains, de sa voix, de la façon dont il disait son prénom comme une promesse. Une larme glissa sur sa joue, silencieuse, comme la pluie sur les vitres d’une maison endormie.
Le vent se fit plus fort, comme s’il voulait la réveiller. Mais elle ne bougeait pas. Elle se laissait traverser par les éléments, par la nature qui semblait pleurer avec elle. Et pourtant, dans cette mélancolie, il y avait une beauté étrange — celle d’un amour qui ne s’éteint pas, même quand il n’est plus partagé.
Alors elle ferma les yeux. Et dans le noir, elle le revit. Sous la pluie, dans le vent, au creux de son souvenir.
La caresse de la pluie
Sous un ciel de cendre, le vent soupire,
Et la pluie descend, douce comme un souvenir.
Elle glisse sur ma peau, sans bruit, sans heurt,
Comme la main d’un amour qui revient sans peur.
Les arbres frémissent, confidences d’écorce,
Le monde ralentit, pris dans une étreinte amorce.
Chaque goutte murmure ce que le cœur tait,
Des mots noyés, des regrets qu’on ne disait jamais.
Je marche sans but, guidée par l’absence,
Ton nom dans mes pensées, une tendre violence.
La pluie m’enlace, me parle de toi,
De nos silences partagés, de ce qu’on ne voit pas.
Et dans ce ballet d’eau, de vent et de nuit,
Je redeviens entière, effleurée par l’oubli.
Car même si tu n’es plus là, je sens ton souffle,
Dans la caresse de la pluie, quand le monde s’essouffle.
La caresse de la pluie de Kaspin Jacques (Catalogue d’art contemporain)
Dans La caresse de la pluie, Kaspin Jacques livre une œuvre d’une intensité rare, où la fragilité humaine se mêle aux éléments naturels dans une chorégraphie silencieuse. Ce portrait monochrome, rehaussé de touches de bleu et de rouge, capte l’instant suspendu d’une émotion à fleur de peau — celle d’un être traversé par le vent, effleuré par la pluie, et submergé par une mélancolie intime.
Le choix du médium — fusain ou graphite — confère à l’image une texture brute, presque organique, qui contraste avec la délicatesse du geste. Le visage partiellement dissimulé, la larme unique, et les cheveux balayés par une brise invisible évoquent une solitude habitée, une douleur douce, presque consentie. L’artiste ne cherche pas à illustrer la tristesse, mais à la rendre palpable, à la faire vibrer dans le silence du regard.
La pluie, ici, n’est pas un simple décor : elle devient présence, mémoire, caresse. Elle enveloppe le sujet comme un voile de réminiscence, un lien entre le monde intérieur et l’environnement. Le bleu dans les cheveux suggère le ciel, l’eau, le rêve — tandis que le rouge des lèvres introduit une tension, une vie encore palpitante sous l’abandon.
Kaspin Jacques parvient à faire dialoguer le romantisme du XIXe siècle avec une sensibilité contemporaine, où l’intime se dit sans fard, mais avec pudeur. La caresse de la pluie est une œuvre qui ne se regarde pas seulement : elle s’écoute, elle se ressent, elle nous traverse comme une brise chargée de souvenirs.
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Each evening, she returned to the old willow by the lake, where the leaves trembled like secrets barely spoken. That day, the sky wore a soft shade of grey, and the rain fell in delicate threads, shy and persistent. The wind, ever gentle, played with her long dark hair, lifting it like waves stirred by memory.
Her gaze was lost in the water, but her thoughts drifted far beyond — to him. He was gone, yet his absence echoed louder than his presence ever had. She remembered his hands, his voice, the way he said her name like a vow. A single tear traced her cheek, quiet as the rain against the window of a sleeping house.
The wind grew stronger, as if trying to stir her from the depths. But she remained still, letting the elements pass through her, letting nature grieve with her. And in that sorrow, there was a strange beauty — the kind that only love leaves behind when it lingers in silence.
She closed her eyes. And in the darkness, he returned. In the rain, in the wind, in the hollow of her heart.
The Caress of Rain
Beneath a sky of ash, the wind exhales,
And rain descends in whispers, soft as veils.
It brushes my skin with a lover’s grace,
Like a memory returning to its place.
The trees lean close, their secrets bare,
The world slows down in the silver air.
Each drop speaks what hearts conceal,
Words unsaid, wounds that never heal.
I walk alone, guided by absence,
Your name a storm, a quiet violence.
The rain enfolds me, speaks of you,
Of silent nights and love once true.
And in this dance of wind and night,
I feel you near, just out of sight.
Though you are gone, your breath remains,
In the caress of rain, through joy and pain.
The Caress of Rain by Kaspin Jacques (Contemporary Art Catalogue Entry)
In The Caress of Rain, Kaspin Jacques delivers a hauntingly intimate portrait that merges human vulnerability with the quiet power of nature. This monochromatic sketch, accented by vivid blue highlights and crimson lips, captures a moment suspended in emotion — a figure caught between silence and storm, memory and release.
Executed in charcoal or a similar medium, the work exudes raw texture and expressive linework. The subject’s partially obscured face, the solitary tear, and the wind-swept hair evoke a sense of contemplative sorrow. Yet the composition resists despair; instead, it invites the viewer into a space of quiet resilience, where pain is not hidden but held with grace.
Rain, in this piece, is more than atmosphere — it becomes a presence, a gentle force that touches without wounding. The blue in the hair suggests sky, water, dream; the red lips hint at life, tension, and the pulse of something unspoken. Jacques masterfully balances these elements, allowing nature to echo the inner landscape of the figure.
Blending romanticism with contemporary sensitivity, The Caress of Rain speaks to the timeless human experience of longing, loss, and the healing touch of the elements. It is not merely seen — it is felt, like a breeze across the skin or a memory stirred by falling rain.







