The Absence Le manque

Dessin Au Fusain. 50 X 65cm. Charcoal on paper. Œuvre D’Art Unique.

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The Absence

I remember her the way one remembers the scent of pine after rain. She wasn’t a storm, nor a blinding light—she was the hush between leaves, the quiet that makes your heart beat louder.

We loved without noise. No promises, no declarations. Just glances exchanged beneath branches, fingertips brushed by the lake, words left unsaid because they would’ve been too small.

Then she left. Not suddenly. Like a season fading without notice. And I stayed, speaking to trees, searching for her reflection in rivers, listening to birds to see if they’d seen her pass.

Longing is a kind of presence. She’s everywhere she isn’t. In the wind that tangles my hair, in the moss beneath my feet, in the sky that can’t decide between blue and grey.

I live in nature because it doesn’t lie. It doesn’t promise return, but it offers cycles. And sometimes, when the sun breaks through the clouds for just a moment, I believe it’s her watching me again.

 

The Absence

(monologue)

You know,

I don’t wait for you anymore.

But I still listen for you.

In the wind, in the trees, in that silence that settles when the world forgets to make noise.

I don’t speak of you.

But every word

I say is a detour around your name.

Funny, isn’t it?

How absence becomes its own language.

I walk often.

Not to get anywhere.

Just to feel the earth beneath my feet, to remind myself I’m still here.

That I breathe.

That I’m not entirely hollow.

Nature helps.

It doesn’t ask questions.

It offers answers

I don’t always understand, but they soothe me.

A ray of sun between two clouds.

A leaf falling without sound.

A bird taking flight without looking back.

And you—you’re here.

Not in photos.

Not in frozen memories.

But in that heartbeat that stutters when

I think of nothing.

In that shiver that runs through me when evening falls.

Absence isn’t pain.

It’s a quiet presence.

A hand on my shoulder when I’m alone.

A voice that no longer speaks, but still murmurs.

I don’t wait for you anymore.

But I still love you.

And maybe that’s enough.

 

The Absence

Kaspin Jacques

In The Absence, Kaspin Jacques delivers a haunting meditation on absence, memory, and the fragile architecture of identity. Rendered in stark monochrome, the portrait resists clarity—its subject half-submerged in shadow, as if caught between emergence and erasure. The figure’s gaze, obscured yet piercing, invites us not to look at him, but through him.

Jacques’s use of charcoal is visceral, almost violent. The background is a storm of gestural strokes and raw texture, evoking a psychological landscape more than a physical one. This is not a portrait in the traditional sense—it is a rupture. A space where the human form becomes a vessel for what cannot be said.

The title, “The Absence”—is not a void, but a presence felt in its refusal to be whole. The work speaks to the emotional residue left by loss: not the moment of departure, but the echo that remains. It is a study in tension—between light and dark, form and dissolution, presence and disappearance.

There are echoes of post-war expressionism here, but Jacques is not quoting; he is excavating. His figure is not a symbol, but a trace. A memory etched in soot. A face that refuses to be forgotten, even as it fades.

Le manque is not an image to be understood—it is one to be endured. It lingers, like grief. Like love that outlasts its object.

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Je me souviens d’elle comme on se souvient d’un parfum dans les bois après la pluie. Elle n’était pas un orage, ni une lumière crue—elle était ce murmure entre les feuilles, ce silence qui fait battre le cœur plus fort.

On s’aimait sans bruit. Pas de promesses, pas de pactes. Juste des regards échangés sous les branches, des mains frôlées au bord d’un lac, des mots tus parce qu’ils auraient été trop petits.

Puis elle est partie. Pas brusquement. Comme une saison qui s’efface sans qu’on s’en rende compte. Et moi, je suis resté là, à parler aux arbres, à chercher son reflet dans les rivières, à écouter les oiseaux pour savoir s’ils l’avaient vue passer.

Le manque, c’est une forme de présence. Elle est partout où elle n’est plus. Dans le vent qui traverse mes cheveux, dans la mousse sous mes pieds, dans le ciel qui hésite entre bleu et gris.

Je vis dans la nature parce qu’elle ne ment pas. Elle ne promet pas de retour, mais elle offre des cycles. Et parfois, quand le soleil perce les nuages juste un instant, je crois que c’est elle qui me regarde encore.

Le manque (monologue)

Tu sais, je ne t’attends plus.

Mais je t’écoute encore.

Dans le vent, dans les branches, dans ce silence qui s’installe quand le monde oublie de faire du bruit.

Je ne parle plus de toi.

Mais chaque mot que je prononce est un détour pour ne pas dire ton nom.

C’est drôle, non ?

Comment l’absence peut devenir une langue à part entière.

Je marche souvent.

Pas pour aller quelque part.

Juste pour sentir la terre sous mes pieds, pour me rappeler que je suis encore là.

Que je respire.

Que je ne suis pas entièrement vide.

La nature m’aide.

Elle ne me pose pas de questions.

Elle m’offre des réponses que je ne comprends pas toujours, mais qui apaisent.

Un rayon de soleil entre deux nuages.

Une feuille qui tombe sans bruit.

Un oiseau qui s’envole sans se retourner.

Et toi, tu es là. Pas dans les photos.

Pas dans les souvenirs figés.

Mais dans ce battement de cœur un peu trop fort quand je pense à rien.

Dans ce frisson qui me traverse quand le soir tombe.

Le manque, ce n’est pas une douleur.

C’est une présence discrète.

Une main posée sur mon épaule quand je suis seul.

Une voix qui ne parle plus, mais qui murmure encore.

Je ne t’attends plus.

Mais je t’aime encore.

Et peut-être que ça suffit.

Le manque

Kaspin Jacques

Dans Le manque, Kaspin Jacques livre une œuvre d’une intensité rare, où le trait brut du fusain devient langage, et l’ombre, mémoire. Ce portrait, à la fois frontal et fuyant, nous confronte à une figure humaine dont l’identité semble se dissoudre dans le tumulte du fond. Le visage, partiellement englouti par les ténèbres, n’est pas un effacement : c’est une résistance silencieuse.

L’artiste ne cherche pas à représenter, mais à évoquer. Le chaos graphique qui entoure le personnage n’est pas décoratif : il est le prolongement d’un monde intérieur en tension, un paysage mental où l’absence devient matière. Le manque, ici, n’est pas une lacune mais une présence paradoxale—celle de ce qui n’est plus, mais qui continue de hanter.

Le choix du noir et blanc, l’économie de moyens, et la brutalité du geste confèrent à l’œuvre une puissance émotionnelle immédiate. On pense à l’expressionnisme allemand, à Bacon, à Giacometti, mais Kaspin Jacques ne cite pas : il creuse. Il creuse dans le silence, dans la perte, dans ce que le regard ne peut saisir mais que le corps ressent.

Le manque est une œuvre qui ne se regarde pas : elle s’éprouve. Elle nous rappelle que l’art n’est pas toujours là pour combler, mais parfois pour laisser ouvert. Pour que le vide parle. Pour que l’absence devienne forme.

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