« Un monologue intérieur ». « An inner monologue »

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Je ferme les yeux. Pas pour fuir, mais pour mieux entendre ce qui bruisse en moi.

Le monde extérieur s’efface.

Trop de bruit, trop de formes, trop de visages qui ne me regardent pas vraiment.

Mais ici, dans l’obscurité douce de mes paupières closes, je me retrouve.

Je suis là, entière, fragmentée, fluide.

Mes pensées s’enroulent comme mes cheveux, indisciplinées, vivantes.

Elles dansent autour de moi, me caressent, me piquent, me rappellent que je suis faite de souvenirs et de silences.

À ma droite, l’arbre pousse encore. Il ne demande rien.

Il est là, comme moi.

Ses fruits sont ronds, pleins, lourds de ce que j’ai vécu.

Des instants suspendus, des douleurs que je n’ai pas su nommer, des joies que je n’ai pas osé crier.

Je ne parle pas.

Je n’ai pas besoin de mots.

Je suis un souffle, une ombre, une présence.

Et dans ce silence, je suis enfin libre.

 

Kaspin Jacques : L’intime en éclats

Dans cette exposition, Kaspin Jacques nous invite à pénétrer un univers où l’émotion devient matière, et la toile, miroir de l’âme. L’artiste, fidèle à sa démarche introspective, explore les méandres du sentiment humain à travers une peinture qui transcende le visible pour atteindre l’essentiel.

Ses œuvres, à la fois vibrantes et silencieuses, sont des fragments d’un langage personnel, où chaque couleur, chaque forme, chaque vide raconte une histoire. Loin de la figuration classique, Kaspin Jacques privilégie une approche sensorielle : ses toiles ne se regardent pas, elles se ressentent. Le spectateur est convié à une expérience immersive, où les frontières entre le regard et le ressenti s’estompent.

Ce qui frappe dans cette exposition, c’est la dualité constante entre force et fragilité. Les compositions, souvent marquées par des contrastes puissants, révèlent une tension intérieure, une quête d’équilibre entre le chaos du monde et la paix intérieure. L’artiste peint comme on écrit un poème : avec pudeur, intensité et une sincérité désarmante.

La présence de textes poétiques, écrits par l’artiste lui-même, enrichit cette démarche. Ils prolongent l’œuvre picturale, en offrent une lecture parallèle, intime, presque chuchotée. Cette fusion entre le visuel et le verbal constitue l’une des signatures les plus singulières de Kaspin Jacques, et confère à l’exposition une dimension profondément humaine.

En somme, cette exposition est une traversée : celle d’un artiste qui ne cherche pas à plaire, mais à dire. Dire ce qui ne se dit pas, ce qui se ressent dans les silences, dans les interstices.

Kaspin Jacques ne peint pas le monde tel qu’il est, mais tel qu’il vibre en lui.


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I close my eyes. Not to escape, but to better hear what stirs within me.

The outside world fades. Too much noise, too many shapes, too many faces that don’t truly see me. But here, in the soft darkness behind my closed eyelids, I find myself. I am here—whole, fragmented, fluid.

My thoughts swirl like my hair—unruly, alive. They dance around me, brush against me, sting me, remind me that I’m made of memories and silences. To my right, the tree still grows. It asks for nothing. It simply exists, like me. Its fruits are round, full, heavy with what I’ve lived. Moments suspended, pains I couldn’t name, joys I didn’t dare shout.

I don’t speak. I don’t need words. I am breath, shadow, presence. And in this silence, I am finally free.

 

Kaspin Jacques: The Intimate in Fragments

 

In this exhibition, Kaspin Jacques invites us into a universe where emotion becomes matter, and the canvas a mirror of the soul. True to his introspective approach, the artist explores the labyrinth of human feeling through a visual language that transcends the visible to reach the essential.

His works, both vibrant and silent, are fragments of a personal lexicon—each color, each form, each void tells a story. Far from classical figuration, Jacques favors a sensory approach: his paintings are not merely seen, they are felt. The viewer is drawn into an immersive experience where the boundaries between perception and emotion dissolve.

What stands out in this exhibition is the constant duality between strength and fragility. The compositions, often marked by bold contrasts, reveal an inner tension—a search for balance between the chaos of the world and inner peace. Jacques paints as one writes poetry: with restraint, intensity, and disarming sincerity.

The presence of poetic texts, written by the artist himself, enriches this approach. They extend the pictorial work, offering a parallel, intimate reading—almost whispered. This fusion of visual and verbal expression is one of Kaspin Jacques’s most distinctive signatures, giving the exhibition a deeply human dimension.

Ultimately, this exhibition is a passage—a journey through the mind of an artist who does not seek to please, but to speak. To speak what cannot be said, what lives in silence and in-between spaces. Kaspin Jacques does not paint the world as it is, but as it vibrates within him.

 

Panier