Une caresse oubliée. « A Forgotten Caress »

Dessin Au Fusain. 50 X 65cm. Charcoal on paper. Œuvre D’Art Unique.

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Une caresse oubliée

Je ne sais pas si tu liras ces mots un jour. Peut-être resteront-ils enfermés dans ce carnet, comme tant d’autres choses que je n’ai jamais su te dire. Mais ce soir, je ressens le besoin de les écrire, même si c’est pour le silence.

Tu es partie sans bruit, comme on ferme une porte pour ne pas réveiller les souvenirs. Et moi, je suis resté là, figé, incapable de courir après toi. Pas parce que je ne voulais pas. Parce que j’avais peur de te blesser avec l’intensité de ce que je ressentais.

Je t’aimais. Je t’aime encore, je crois. Pas avec fracas, pas avec promesses. Avec cette tendresse discrète, celle qui ne demande rien, sauf d’exister près de toi. Et peut-être que c’est ça qui t’a fait fuir. Cette douceur trop brûlante, trop vraie.

Je repense souvent à ce soir. Tu étais fragile, presque absente. Je t’ai pris dans mes bras, sans un mot. Juste pour que tu sentes que tu n’étais pas seule. Une caresse. Simple. Silencieuse. Tu ne m’as rien dit. Mais dans ta lettre, plus tard, tu m’as parlé de ce geste. Tu m’as dit qu’il t’avait sauvé.

Et moi, je ne savais même pas que je t’avais offert quelque chose.

Depuis, je dessine. Pas toi. Ton absence. Ce que tu as laissé derrière. Une trace. Un souffle. Une caresse oubliée.

Je ne t’en veux pas. Je ne t’attends pas. Mais je te garde. Dans mes silences. Dans mes ombres. Dans ce coin de moi que personne ne touche…

 

Dans le pli discret d’un soir sans bruit,

Ton ombre glisse, fragile et enfuie.

Un souffle ancien sur ma joue s’attarde,

Comme un secret que le cœur regarde.

Tu n’es plus là, mais tout parle de toi :

Le vent, la lampe, le bois sous mes pas.

Chaque silence est une voix cachée,

Chaque absence, une peau effleurée.

Je t’ai perdue sans cris, sans bataille,

Juste un regard, un soupir qui déraille.

Mais ton départ n’a jamais tout pris

— Il reste un geste, un frisson, un non-dit.

Une caresse oubliée, sans nom,

Qui vit encore dans mes abandons.

Elle revient, douce, presque irréelle,

Comme un murmure au bord de l’éternel.

 

« Une caresse oubliée » Œuvre de Kaspin Jacques

Dans Une caresse oubliée, Kaspin Jacques nous offre une méditation visuelle d’une rare intensité émotionnelle. L’œuvre, à la croisée du dessin et de l’aquarelle, déploie le visage d’une femme en profil, les yeux clos, comme suspendue dans un instant de repli intérieur. Ce n’est pas un portrait au sens classique : c’est une empreinte, un souffle, une mémoire.

Le trait est précis, presque chirurgical, mais jamais froid. Il épouse les contours du visage avec une délicatesse qui évoque le geste amoureux, celui qui effleure sans jamais brusquer. Les couleurs, audacieuses et vibrantes, surgissent sur la moitié du visage comme une émotion qui déborde. Le bleu et l’orange, en fusion subtile, ne cherchent pas à illustrer : ils incarnent. Ils sont le tumulte intérieur, le souvenir qui brûle encore, la tendresse qui refuse de s’éteindre.

Le contraste entre les zones monochromes et les éclats colorés crée une tension poétique : entre ce qui est dit et ce qui est tu, entre la présence et l’absence. Deux lignes verticales, presque abstraites, viennent troubler la composition, comme des cicatrices ou des fils invisibles reliant le passé au présent.

Le titre, Une caresse oubliée, agit comme une clé de lecture. Il suggère que ce visage n’est pas simplement représenté, mais invoqué. Que cette femme, les yeux clos, ne dort pas : elle se souvient. D’un geste, d’un amour, d’un instant suspendu. Et le spectateur, pris dans cette intimité silencieuse, devient témoin d’un murmure visuel.

Kaspin Jacques signe ici une œuvre qui dépasse le cadre du portrait. Il nous parle de ce qui reste quand tout semble perdu. De ces caresses que l’on croit oubliées, mais qui vivent encore dans les plis de la mémoire.

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I don’t know if you’ll ever read these words. Maybe they’ll stay tucked away in this notebook, like so many things I never found the courage to say. But tonight, I need to write them—even if it’s only for the silence.

You left quietly. No fight, no drama. Just a look, that final look, like a door closing softly. And I stood there, frozen—not because I didn’t want to follow, but because I was afraid. Afraid that the depth of what I felt might hurt you.

I loved you. I think I still do. Not with noise, not with promises. With a quiet tenderness that asked for nothing but to exist beside you. And maybe that’s what scared you. That kind of softness, too intense, too real.

I often think of that night. You were fragile, almost gone. I held you—not to fix anything, just to let you know you weren’t alone. A caress. Simple. Silent. You didn’t say a word. But later, in your letter, you spoke of it. You said it saved you.

And I hadn’t even known I’d given you something.

Since then, I draw. Not you. Your absence. The trace you left. A breath. A shadow. A forgotten caress.

I don’t blame you. I’m not waiting. But I keep you. In my silences. In my shadows. In that corner of me no one else touches…

 

A Forgotten Caress

In the quiet fold of an evening’s hush,

Your shadow lingers, tender and crushed.

An ancient breath upon my cheek remains,

A secret traced in silent refrains.

You are not here, yet all speaks of you:

The wind, the lamp, the creak of the wood too.

Each silence holds a hidden voice,

Each absence, a touch without choice.

I lost you without war, without sound,

Just a glance, a sigh unbound.

But your leaving never took it all

— A gesture stayed, a tremble, a fall.

A forgotten caress, unnamed and slight,

Still lives within my sleepless nights.

It returns, soft, almost unreal,

A whisper brushing the edge of the real.

 

A Forgotten Caress Artwork by Kaspin Jacques

In A Forgotten Caress, Kaspin Jacques delivers a poignant meditation on memory, intimacy, and emotional resonance. This mixed-media portrait—combining the precision of pencil sketching with the fluid expressiveness of watercolor—presents a woman in profile, her eyes closed, her face suspended in quiet introspection. It is not merely a depiction; it is an invocation.

The grayscale rendering of the face is executed with surgical delicacy, yet it never feels clinical. Each line seems to carry the weight of a whispered emotion, a gesture remembered. Then, unexpectedly, vibrant strokes of blue and orange burst across the right side of the face—like emotion breaking through restraint. These colors do not illustrate; they embody. They are the echo of a moment, the trace of a tenderness once felt and never forgotten.

The tension between monochrome and color creates a poetic duality: presence and absence, silence and expression, memory and immediacy. Two vertical lines on the left side of the composition—perhaps strands of hair, perhaps abstract scars—add a subtle layer of ambiguity, suggesting the passage of time or the fragility of recollection.

The title, A Forgotten Caress, serves as a key to the work’s emotional depth. It evokes a gesture once given, perhaps unnoticed, yet lingering in the folds of memory. The woman’s closed eyes do not suggest sleep, but remembrance. She is not passive—she is absorbing, reliving, quietly burning.

Kaspin Jacques transcends portraiture here. He offers a visual whisper, a trace of love that resists erasure. In this piece, absence becomes presence, and a single caress—forgotten by the hand that gave it—becomes unforgettable to the soul that received it.

 

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